Une journée comme une autre (du moins en apparence) commence sur la côte ouest des USA à Los Angeles.
"Il faut bien un début. Quelque chose ouvre l'histoire, quelque chose comme la première image d'un film. Sur cette image, on voit une femme endormie, dans une chambre où le matin arrive. On devine le moment du jour à sa lumière particulière, une blancheur chaude, chargée de soleil, transperçant les stores, triomphant peu à peu de l'obscurité. On s'approche du lit, le corps de la femme étendue est recouvert par un drap jusqu'à la naissance de la poitrine, sa tête est posée sur un oreiller, légèrement de côté. Cette femme c'est Laura Parker".
Dans un autre quartier de L.A un homme se réveille lui aussi, "Samuel Jones n'a pas dormié. Ou très peu. Deux heures tout au plus. Sans doute moins......Il n'a eu droit qu'à un état mi-endormi, mi-éveillé, une torpeur, qui, il le sait déjà, n'aura rien effacé, rien guéri, qui lui laissera le visage chiffonné, hideux, le regard vitreux, le corps amolli."
Philippe Besson a planté le décor, on sent déjà dès le début du roman que l'atmosphère est lourde, il se passe des choses graves dans la vie de Laura et de Samuel. Tout au long de cette journée si particulière le lecteur va suivre Laura et Samuel, de leur lever jusqu'à la fin du jour où leurs chemins respectifs vont se croiser, nous allons souffrir avec eux, espèrer pour eux, imaginer grâce à l'auteur de possibles échappatoires mais le destin veille et Samuel ne sera pas pour Laura ce que nous aurions tant aimé qu'il fût .......
Décidément Philippe Besson est un grand écrivain, un découvreur et un peintre de l'âme, qui sait nous faire partager ses émotions. Sa délicatesse et son approche de l'humain sont un régal pour le lecteur que nous sommes, pris dans ses filets nous dévorons le roman avides que nous sommes de ce qui est le sel de la vie, la compréhension, l'amour, la solidarité, au coeur de toutes les actions humaines.
"Une bonne raison de se tuer" n'est pas un roman sans espoir, c'est l'histoire de deux "cabossés" de la vie dont l'un, nous le pressentons à la fin du roman, trouvera la force de se redresser et d'espèrer à nouveau.
