Au moment où nous faisons sa connaissance Michel Marini a douze ans, nous sommes en 1959 et sa vie se partage entre trois pôles différents. Tout d’abord une famille où les parents se déchirent à cause de leurs origines sociales, lui fils de pauvres immigrés italiens, elle fille de riches bourgeois rapatriés d’Algérie, son autre vie se déroule au lycée Henri IV où il est sensé étudier, mais totalement réfractaire aux mathématiques, il considère que les cours sont une perte de temps, et ils les occupe par la lecture (lecture systématique et effrénée de tous les classiques de la bibliothèque de son quartier), et enfin le lieu de tous les délices l’arrière-salle d’un café de Denfert-Rochereau, le Balto où il joue au baby-foot avec son ami Nicolas et dont il découvrira bientôt que cette pièce bien protégée par un rideau, abrite les activités étranges et parfois bruyantes d’un groupe d’exilés des pays de l’Est « le club des incorrigibles optimistes » liés entre eux par un terrible secret.
Tout l’art de JM Guénassia réside dans la virtuosité avec laquelle il lie toutes ses histoires, avec en toile de fond les problèmes de l’époque guerre d’Algérie et lutte des classes, ce qui lui permet de maintenir le lecteur en haleine sans jamais le lasser.
Ce livre, roman de formation politique et sociale d’un adolescent, est écrit selon une construction savante et sophistiquée, tous les personnages sont importants, tous sont atttachants.
Le récit est une composition subtile et rythmée qui nous parle de la formation d’un jeune homme dans la France gaulliste d’après guerre, il évoque l’histoire de ces immigrés de l’Est qui ont tout quitté pour vivre en liberté, qui ont trahi leurs idéaux et parfois aussi leurs familles, car c’est aussi un livre sur la trahison, tous les personnages à un moment ou à un autre seront amenés à trahir.
Le lecteur, comme Michel le héros, découvrira à la fin le secret qui éclaire leurs relations d’un jour nouveau, un terrible secret.
Pour un premier vrai roman Jean-Michel Guénassia fait preuve d’une grande maîtrise de la narration, tout au long de cette chronique douce-amère, le lecteur est sous le charme de ce livre ambitieux et magistral. Et pour terminer sur une note positive permettez moi de citer cette maxime qui figure en exergue du livre, « pour les incorrigibles optimistes le plus important dans la terre promise ce n’est pas la terre, c’est la promesse ».
